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Jospin et les licenciements

Jospin et les licenciements "L'état ne peut pas tout"
Rue 89 - 19/06/2009 - Les socialistes, le socialisme et Michelin - Par Patrick JARREAU (Extrait)


« L'Etat ne peut pas tout », vous vous souvenez ? C'était, il y a tout juste dix ans, la réponse de Lionel Jospin, Premier ministre, à ceux qui lui demandaient d'agir après que Michelin avait annoncé la suppression de 7 500 emplois en France. La réponse d'une partie des électeurs de gauche est venue à la présidentielle de 2002 :

« Si le PS n'a rien de mieux à offrir, ce n'est pas la peine. »


Vidéo illustratrice - France 3 (sur la plate forme Dailymotion)


L'Etat ne peut pas tout par aklineuropa




Libération - 15/09/1999 - Les syndicats de Michelin déçus par l'intervention du premier ministre - "Que Jospin vienne à Clermont" - Par Muriel GREMILLET (Extrait)

«Les salariés existent, les syndicats existent. Ils faut qu'ils se mobilisent.» Lundi soir, Lionel Jospin a fait comprendre aux salariés de Michelin qu'ils ne devaient pas attendre d'intervention directe du gouvernement sur le plan qui prévoit 7 500 suppressions d'emplois. A Clermont-Ferrand, l'annonce du Premier ministre divise les syndicalistes. «Jospin et le gouvernement de gauche ont été élus par les salariés de Michelin, explique François Boisset, coordinateur CGT du groupe, pas par les patrons. On attendait peut-être autre chose de lui que cet aveu d'impuissance.» Le syndicat est aujourd'hui déçu: «A quoi ça sert de voter si les élus ne peuvent rien faire?» L'appel de Jospin a même agacé certains militants. «On mouille la chemise tous les jours, nous. On essaye de mobiliser les gens, s'énerve un cégétiste. Son conseil est déplacé. Qu'il vienne à Clermont-Ferrand le 21 septembre (1), il verra à quoi on passe nos journées.» René Defroment, secrétaire régional Auvergne de la CFDT, partage l'agacement de la CGT. «Il y a un vrai décalage entre le discours et les actes, fait-il remarquer. D'un côté, le gouvernement dit qu'il faut combattre le chômage, que c'est son principal objectif. De l'autre, il ne prend pas de mesures concrètes quand un énorme plan social est présenté dans une entreprise en très bonne santé. Il y a un vrai problème.»

Démobilisateur. René Defroment confie pourtant qu'il n'espérait pas l'annonce par Jospin du rétablissement de l'autorisation administrative de licenciement. «Il aurait pu dire que la réduction du temps de travail est là pour éviter les licenciements. Il ne l'a même pas fait.» Defroment assure que le discours de Jospin va peut-être démobiliser les salariés: «Certains ouvriers en sont à leur dixième plan social. Ils voient aujourd'hui que le gouvernement ne peut rien pour eux. Ils vont baisser les bras et espérer pouvoir s'en tirer cette fois-ci par une préretraite, sans venir à la manif du 21.» Jean Barra, le délégué CFDT de l'entreprise, nuance les propos de son responsable régional. «Jospin a joué son rôle de politique, explique-t-il. A nous de jouer notre rôle de syndicat, par le rapport de force dans l'entreprise. Il faut faire monter la pression.» La CFDT de Michelin espérait néanmoins l'annonce de la suppression des aides publiques au groupe. Barra assure que certains salariés étaient satisfaits de l'intervention du Premier ministre, «ils ne s'attendaient pas à ce qu'il s'inquiète de leur sort». La mairie de Clermont-Ferrand, dirigée par Serge Godard (PS), partage cette analyse. «La municipalité n'a pas vraiment de réaction à l'intervention, explique-t-on au cabinet du maire. Ce n'est de toute façon pas à Jospin d'organiser les manifs.»

Pas oublié. «Nous avons besoin du soutien de l'ensemble de la population, pas du secours des politiques, affirme Barra. On doit pouvoir faire reculer Michelin, seuls.» Pourtant, malgré les déceptions masquées ou affichées, les syndicalistes auvergnats se retrouvent sur un point. «Avec l'intervention de Jospin, le cas Michelin ne sera au moins pas oublié en dix jours», explique l'un d'eux .


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